Retour vers l'Historique
Des initiatives individuelles sont venues de quelques pionniers dans un contexte général de chasse au “patois”, au “mauvais français”, engagée depuis la fin du 19è siècle. même si la loi Deixonne (1951) offre la possibilité d'enseigner les langues régionales. Trois instituteurs, Marie Dequé et Gabriel Le Coq, dans les Côtes-d'Armor, Gaetan Piederrière en Ille-et-Vilaine, sont particulièrement représentatifs. La motivation première est la lutte contre l’échec scolaire d’enfants issus de milieux populaires ruraux. Cela passe par la prise en considération de ce que dit l’enfant.
Ainsi, en 1953, Marie Dequé, en poste à La Landec en Trébrivan fait remarquer aux élèves la parenté entre des termes gallo et français : “Marri ” chez La Fontaine; le verbe choir dans “ la bobinette cherra”. Le prestige de la langue littéraire doit rejaillir sur le gallo et accorder plus de considération à l’élève, qui gagne ainsi en confiance.
L' étape suivante sans être nouvelle dans son approche est décisive pour la reconnaissance du gallo au sein de l'institution. En 1976, Christian Leray en tant qu’instituteur spécialisé, prend en compte l’expression orale et écrite d’enfants en difficulté à l’Ecole nationale de perfectionnement de Rennes. Le but est de réconcilier ces élèves avec l'école et de développer leur expression écrite et orale. Adepte de la pédagogie Freinet, ce pédagogue fait paraître des textes libres dans le journal de la coopérative. Ces documents joueront un rôle important lors de la rencontre provoquée par le Recteur Rollin en 1982.
Du côté de l'Etat, la création de la Charte culturelle de Bretagne en 1977 est essentielle pour l'implantation de l'enseignement du gallo. Dans le préambule, il est question d' ”assurer à la langue bretonne et au parler gallo et à leurs cultures spécifiques, les moyens nécessaires à leur développement y compris dans l'enseignement et à la radio-télévision”. Le gallo y est qualifié de parler mais ainsi s'amorce une trajectoire qui verra le gallo prendre place à tous les niveaux, du primaire au supérieur. mais pas de manière définitive on le verra.
Ce mouvement est indissociable du développement d'associations : en 1979 Les Amis du parler gallo qui deviendra Bretagne Galeise présidée par G.Morin, milite pour l'enseignement de la langue de la maternelle à l'université et un cursus de formation pour les enseignants. Puis, l'Association des enseignants de gallo créée en 1984 a été l'interlocutrice privilégiée du rectorat pour la mise en place de cours de gallo au niveau des premier et second cycle
La conjonction des ces éléments aboutit en 1982 à la rencontre de Gilles Morin, Christian Leray et du recteur Rollin, sensibilisé aux questions linguistiques après avoir séjourné en Kabylie en tant que professeur d'université. L'accent est mis sur la lutte contre l'échec scolaire. Des résultats tangibles, sans être définitifs suivent cette entrevue. Deux postes de conseillers pédagogiques sont créés : celui dans l'enseignement primaire est attribué à Christian Leray, celui du secondaire à Gilles Morin.